Pourquoi nous manifestons le 1er mai 2005

POURQUOI NOUS MANIFESTONS LE 1ER MAI 2005



Les Américains contre la guerre (AAW - France), comme notre nom l'indique, sont d'abord et avant tout des citoyens des Etats-Unis qui s'opposent à la politique étrangère de l'administration Bush en Irak, en Israël et Palestine, en Amérique Latine et partout où la domination impériale états-unienne se manifeste.

Depuis notre création en octobre 2002, nous nous élevons contre le rôle que l'administration Bush fait jouer aux Etats-Unis dans le monde : un rôle où l'hégémonie de la "superpuissance unique" s'affirme dans un pur rapport de forces militaire. La rhétorique de la démocratie est invoquée par Bush et les "néoconservateurs" pour mieux favoriser les intérêts de certaines entreprises privées, pour mieux imposer une domination politique impériale qui repose beaucoup plus sur la force des armes que sur un modèle démocratique américain ("modèle" aujourd'hui hélas bien mal en point après les élections présidentielles manipulées de 2000 et de 2004).

Nous voulons en effet un monde de paix -- perspective qui semble très éloignée à l'époque de Bush fils, et qui ne devient hélas pas beaucoup plus concrète, l'expérience le montre, quand les candidats issus du Parti démocrate gouvernent à la place des Républicains. Nous savons que notre lutte pour changer le rapport des Etats-Unis au reste du monde est une lutte de longue haleine, à l'intérieur d'un système politique - et médiatique - particulièrement résistant au changement.

Nous savons aussi que la lutte contre les guerres et la domination impériale commence chez soi, que le militarisme US fait partie d'un système global, d'un " modèle social " hautement inégalitaire. L'historien Howard Zinn (Une histoire populaire des Etats-Unis, éd. Agone) nous rappelle que les inégalités de classe à l'intérieur de notre société vont tout à fait de pair avec la domination que nos gouvernants prétendent exercer sur d'autres peuples. Les jeunes qu'on recrute pour se battre en Irak dans notre " armée de volontaires " viennent massivement des quartiers pauvres, et de manière disproportionnée des minorités afro-américaine et latino. Quand ils sont blessés, on néglige leurs besoins matériels. Les milliards de dollars investis dans l'armement, c'est autant d'argent dont l'éducation, la santé et d'autres services sociaux sont privés. Le délabrement social des Etats-Unis va de pair avec la " modernisation " constante et sans limites des systèmes conçus par le Pentagone pour tuer, enfermer, torturer, dominer les peuples.

La " guerre contre le terrorisme " que l'administration Bush prétend mener à l'échelle mondiale est une façon de perpétuer la domination militaire, en se fabriquant des ennemis, en évitant surtout de s'attaquer à la racine du mal à l'échelle planétaire. Si l'ordre mondial en place engendre tant de violences, c'est d'abord parce que le régime social du capitalisme néolibéral sans freins est fondé sur la violence, la surexploitation et la négligence des besoins élémentaires de la majorité des hommes et des femmes dans le monde. Il existe toujours des " damnés de la terre ", ils sont chaque jour plus nombreux. L'ordre mondial selon Bush vise à conserver les privilèges de quelques groupes financiers, quelques grandes entreprises, en embarquant les peuples dans des guerres impériales sur le dos de des travailleurs et des chômeurs et de leurs enfants.

Nous ne l'oublions pas : le 1er mai, journée internationale des travailleurs, est né aux Etats-Unis, en 1886, à une époque où le syndicalisme étatsunien était un des plus militants du monde en voie d'industrialisation. Le mouvement ouvrier international est passé, depuis lors, par bien des péripéties mais il reste un des meilleurs garants de la justice sociale, un des acteurs principaux du combat pour l'égalité des droits civiques, politiques et sociaux. Un monde gouverné selon les besoins des travailleurs ressemblerait beaucoup plus à cet " autre monde possible " des altermondialistes qu'au champ de bataille sociale planétaire que nous connaissons aujourd'hui.

Americans Against the War - France
le 1 mai
2005